EPR, NI À TRICASTIN, NI AILLEURS

28/07/2022

Récemment 33 élus locaux, notamment de Drôme et d Ardéche , tous bords politiques confondus ont adressé une lettre au président d'EDF pour réclamer l implantation de deux réacteurs EPR 2 sur le site du Tricastin. Nous avons souhaité dans une tribune envoyée à la presse répondre point par point à ces élus qui veulent prolonger l'aventure nucléaire sur notre territoire :

Les 1 900 000 personnes qui vivent dans un rayon de 90 km autour de la centrale du Tricastin ne sont pas tous favorables, loin de là, à la poursuite et au développement de l énergie nucléaire dans notre région , dans le sondage BVA /ORANO évoqué dans la lettre des élus 29% des sondés autour de Tricastin estiment que la centrale est un handicap pour la région. Et rappelons que notre pétition pour la fermeture du réacteur numéro 1 du Tricastin a recueilli plus de 41 000 signatures dont 1024 en Drôme et 987 en Ardéche.

En regard des « atouts » évoqués il y a aussi des incertitudes et des risques :

Il n est pas raisonnable d implanter de nouveaux réacteurs dans une zone sismique active ( qui peut garantir qu un nouveau tremblement de terre n'aura pas lieu un jour , plus puissant et plus proche de la centrale que celui du 11/11/2019 d'une magnitude de 5,4 ) avec une digue en terre qui a été consolidée une premiére fois en urgence en 2017 et qui doit l être encore avant fin 2022 à la demande de l ASN .

Suite au séisme du Teil, l'IRSN étudie la nécessité de revoir les référentiels sismiques à la hausseet les sismologues du CNRS envisagent même d'actualiser leur évaluation des risques sismiques en France car le séisme du Teil s'est produit sur une faille qui était classée comme "inactive".

On ne pourra donc se prononcer sur la centrale du Tricastin que lorsque l'IRSN et le CNRS auront terminé leur évaluation du séisme de référence à prendre en compte, tout en sachant, Fukushima nous l'a montré, qu'un séisme nettement supérieur au séisme historique est toujours possible lorsque le site de la centrale se trouve en zone sismique..

La rupture de la digue, du fait de la hauteur du canal par rapport à la base de la centrale (6m) restera en tout état de cause une menace permanente sur la sûreté du site du Tricastin.

Ces nouveaux réacteurs produiront à leur tour des déchets radio actifs dont on ne sait que faire et que personne ne veut , leur gestion et le coût de celle ci reposera sur les générations futures.Notre région bénéficie d un potentiel exceptionnel en matière d'énergies renouvelables (éolien, solaire, biomasse, hydraulique et géothermie) et une grande partie des travailleurs du nucléaire pourraient utiliser leurs compétences et leur savoir faire dans le développement de nouvelles filières énergétiques permettant de fournir de l électricité décarbonnée et d accroitre notre indépendance énergétique.

Nous n avons donc pas besoin de ces EPR 2, pari technologique hasardeux sur laquelle la Cour des Comptes émet des doutes dans son rapport publié en juillet 2020 estimant qu'il ne peut être établi avec un degré raisonnable de certitude que les économies de construction de futurs EPR2 par rapport au coût de construction d'EPR de type Flamanville se matérialiseront et que l'enjeu financier lié à ces nouveaux réacteurs nucléaires est "majeur", évaluant à 12 milliards d'euros le coût de construction de chaque paire d'EPR2.

Or EDF, très endettée, ne pourra pas financer seule la construction de ces nouveaux réacteurs , qui va payer : le consommateur ou le contribuable ?

Plutôt que de s'associer à la fuite en avant d'EDF , nos élus feraient bien mieux de travailler à une véritable transition énergétique pour faire de notre territoire , un territoire modèle en la matière.