REVUE DE PRESSE
Guerre en Ukraine : « Les systèmes énergétiques les plus rapides et les moins chers à construire dans l'urgence sont l'éolien terrestre et le solaire »TRIBUNE dans le journal Le Monde le 9 avril 2022
Robert Bell
Professeur de management, Brooklyn College, City University de New-York
Le chercheur américain spécialiste des technologies Robert Bell affirme, dans une tribune au « Monde », que pour se passer du gaz russe, recourir aux énergies renouvelables serait plus rapide et moins cher que de trouver de nouvelles sources de gaz.
Tribune. Comme dans un film sur la duplicité en temps de guerre, la Russie continue de payer à l'Ukraine qu'elle massacre un « loyer » (apparemment 2 milliards de dollars en 2020, soit environ 18,40 milliards d'euros) pour utiliser ses gazoducs vers l'Union européenne (UE). Et les pays de l'UE, qui sanctionnent économiquement la Russie et qui, pour certains, fournissent des armes à l'Ukraine, continuent de payer leur gaz aux tueurs russes - 155 milliards de mètres cubes (MMC) en 2021, ce qui représente près de la moitié de leurs importations de gaz.
Le dilemme moral auquel l'UE se trouve ainsi confronté peut être résolu de plusieurs façons : Poutine pourrait couper les approvisionnements ; un foreur pétrolier du Moyen-Orient ou du Texas pourrait embaucher des mercenaires pour faire exploser les pipelines ukrainiens... et le prix du pétrole et du gaz par la même occasion ; le gouvernement ukrainien pourrait même, dans un geste désespéré, faire sauter lui-même les pipelines.
Du gaz liquéfié très coûteux
Mais aucun des plans annoncés à ce jour ne semble pouvoir résoudre ce dilemme. Le 25 mars, la Commission européenne et Washington ont annoncé pouvoir remplacer cette année 20 MMC de gaz russe (sur 155) par de nouveaux projets éoliens et solaires. Et que dans huit ans ( !), l'UE aurait mis fin aux importations de gaz russe en triplant sa capacité éolienne et solaire à hauteur de 170 MMC.
Le 24 mars, Joe Biden a promis de livrer cette année à l'UE environ 15 MMC de gaz naturel liquéfié (GNL). L'UE recherche également d'autres sources de GNL et passe des contrats avec les usines de regazéification flottantes existantes.
Mais remplacer le gaz relativement bon marché livré par gazoduc par du gaz liquéfié très coûteux livré par méthanier nécessite de construire de nouvelles usines de regazéification. Or la construction de celle de Dunkerque a mis six ans et a coûté un milliard d'euros. Autrement dit, en construire davantage ne contribuerait pas à résoudre la crise de court terme actuelle.
Le plan de l'UE pour l'indépendance énergétique annoncé le 8 mars ne parle pas en revanche de nouvelle centrale nucléaire pour affronter cette crise. Et pour cause : si le premier réacteur EPR d'Europe, en Finlande, vient de produire ses 100 premiers MW d'électricité en mars 2022, le projet a été lancé il y a treize ans, en 2005, et a coûté environ 11 milliards d'euros au lieu des 3,4 milliards initialement prévus...
De 26 à 50 dollars par MWh
La réelle solution est donc d'une évidence aveuglante. Les systèmes énergétiques les plus rapides et les moins chers à construire dans l'urgence en temps de guerre sont l'éolien terrestre et le solaire. C'est ce que montrent avec une clarté cristalline les chiffres publiés par la banque d'affaires Lazard (« Levelized Cost Of Energy, Levelized Cost Of Storage, and Levelized Cost Of Hydrogen », 28 octobre 2021).
En attendant d'avoir couvert les espaces vides adaptés, il faudra utiliser le nucléaire existant, les autres gaz que nous pouvons trouver, et en tout dernier recours le charbon
Non seulement les éoliennes terrestres sont les moins chères, avec une fourchette de 26 à 50 dollars par mégawatt/heure (MWh), mais elles sont, comme le solaire, très rapides à construire. Selon windeurope.org, la principale association professionnelle européenne qui regroupe les principaux acteurs de l'éolien (Vestas, Orsted, Ziemens-Gamesa, Acciona, Equinor, EDF, Engie...) « un parc éolien de 10 MW peut facilement être construit en deux mois. Un plus grand parc éolien de 50 MW peut être construit en six mois ».
Le solaire prend même moins de temps. De plus, l'UE possède bon nombre des plus grandes et des meilleures entreprises de fabrication d'éoliennes, de parcs éoliens et de câbles électriques.
Toujours selon Lazard, l'énergie solaire à grande échelle la plus courante a un coût similaire à celui de l'éolien terrestre : une fourchette de 30 à 41 dollars par MWh. En temps de guerre, les meilleures sources d'énergie sont locales, sans besoin d'être alimentées de l'extérieur. Comme le soleil et le vent.
Pour raisons de sécurité nationale
Pourtant, comme nous l'avons vu, la Commission européenne est toujours à la recherche de solutions d'urgence importées. Or, Lazard donnait en 2021 comme plus bas de la fourchette du prix de l'électricité produite au gaz naturel 45 à 74 dollars le MWh. Bien que généralement plus cher que l'éolien ou le solaire, le gaz peut compenser les moments sans vent ni soleil.
Mais Lazard a basé son analyse sur un prix du gaz naturel à 3,45 dollars/million de BTU (British Thermal Unit, unité d'énergie thermique ; 1 MMBtu = 0,293071 MWh), soit à peu près le prix aux Etats-Unis en 2021. Mais le prix payé par l'UE à l'arrivée dans le port en Allemagne était en novembre 2021, avant la guerre, de 27,20 dollars/MMBtu, soit près de huit fois plus qu'aux Etats-Unis ! Ce ne peut être une stratégie d'urgence en temps de guerre...
La véritable solution d'urgence pour remplacer le gaz naturel russe à l'échelle de l'UE est, pour raisons de sécurité nationale, de construire massivement de l'éolien terrestre et du photovoltaïque. Et en attendant d'avoir couvert les espaces vides adaptés, il faudra utiliser le nucléaire existant, les autres gaz que nous pouvons trouver, et en tout dernier recours le charbon.
Les dirigeants politiques doivent commencer à agir comme des dirigeants et l'expliquer fermement : bien que non déclarée, nous sommes en guerre, et nous devons cesser de commercer avec l'ennemi. (Traduit de l'anglais par Isabelle Plat)
Robert Bell est l'auteur de « Les Péchés capitaux de la haute technologie. Superphénix, Eurotunnel, Ariane 5... » (Seuil, 1998) et « La Bulle verte. La ruée vers l'or des énergies renouvelables » (Scali, 2007).
Robert Bell(Professeur de management, Brooklyn College, City University de New-York)
Mobilisés pour faire débrancher la centrale nucléaire de Tricastin
Article de Françoise Valentin dans le Dauphiné Libéré du lundi 14 juin 2021

Depuis le 12 juin, les quatre réacteurs de la centrale de Tricastin ont officiellement passé la barre des 40 ans. Une date symbolique qu'a choisie le collectif Stop Tricastin pour annoncer une série d'actions afin d'alerter sur les risques d'une prolongation de leur activité.
« Le réacteur 1 est une bombe à retardement, il est certainement le plus dangereux du pays ». Le journaliste et auteur du livre " Nucléaire : danger immédiat" , Thierry Gadault, était à Montélimar ce samedi 12 juin, aux côtés d'Alain Volle, militant du collectif Stop Tricastin et de Greenpeace, pour pointer
« l'irresponsabilité dont font preuve EDF et le gouvernement, en présentant la prolongation de la durée de vie de la centrale nucléaire de Tricastin (au-delà des 40 ans d'activité prévus à leur conception, NDLR) comme une évidence industrielle et économique indiscutable ».
Le journaliste, qui enquête depuis une dizaine d'années sur le nucléaire, avait révélé, en octobre dernier, un rapport interne d'EDF datant de 2010. Le document évoquait la découverte de trois nouvelles fissures dans la cuve du réacteur, pourtant existantes depuis l'origine. « C'est déjà grave de découvrir cela 30 ans après. Mais c'est aussi grave de faire un tripatouillage des calculs de ténacité, pour dégager des marges de sécurité dans certaines situations accidentelles, là où il n'y en avait plus. C'est comme falsifier le contrôle technique d'une vieille Deuche qui n'a plus de frein », affirme Thierry Gadault. Il se base sur l'analyse dudit rapport par un universitaire et deux scientifiques. Et à ce problème structurel, il pointe aussi celui du risque d'un vieillissement accéléré de l'acier de la cuve au-delà de 40 ans : « Elle est aujourd'hui aux limites qui ont été fixées par le fabricant. »
• « Trop d'habitants ne voient plus aujourd'hui les risques »
Le journaliste dénonce « l'entente cordiale scandaleuse entre EDF, l'Autorité de sûreté nucléaire et l'IRSN » qui a validé la poursuite d'activité malgré tout, et aujourd'hui « le bon pour le service » qui se dessine, déjà selon lui, vers dix ans de fonctionnement supplémentaire. Ce serait, comme ils le dénoncent, faire fi aussi des risques sismiques et de rupture de la digue.
« L'ampleur de la secousse ressentie à Tricastin après le séisme du Teil du fait du sous-sol alluvionnaire n'était clairement pas prévue. Le risque avait été sous- évalué », poursuit Thierry Gadault. Aujourd'hui, des études du sous-sol sont en cours, menées par EDF à la demande de l'ASN, et la question d'une réévaluation du risque sismique est posée.
Face à « l'enjeu économique » que représente pour EDF la prolongation de fonctionnement de dix années supplémentaires de ce réacteur, « tête de pont pour les 31 autres qui doivent suivre en France », le collectif Stop Tricastin veut agir, en mobilisant la population : « Trop d'habitants ne voient plus aujourd'hui les risques. Or, la prolongation de ce réacteur (numéro 1, NDLR) pour dix ans supplémentaires ferait passer le risque d'accident de "possible" à "probable" », craint Alain Volle. « Nous voulons sensibiliser les riverains du Tricastin avant l'enquête publique qui aura lieu fin 2021-début 2022 » et donc avant la décision finale de l'ASN d'ici 2022.
Dans la centrale nucléaire de Tricastin, un problème électrique a accru le risque d'accident grave
article de Perrine Mouterde dans le journal Le Monde du 28 avril 2021
Selon l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire, l'incident détecté en 2019 sur le moteur d'une pompe souligne l'importance de bien mesurer les effets du vieillissement des installations.

C'est un incident d'apparence anodine, mais qui a accru de façon significative le risque d'un accident majeur d'un réacteur du parc nucléaire français, et qui illustre les difficultés associées à son vieillissement. Telle est l'analyse de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), exprimée dans un avis publié fin mars, à propos de la défaillance du moteur d'une pompe survenue dans la centrale de Tricastin, située à cheval entre la Drôme et Vaucluse.
Le 1er septembre 2019, le réacteur numéro 1 de la centrale est à l'arrêt pour effectuer sa « visite des 40 ans », un examen de sûreté approfondi. Un essai révèle alors un défaut électrique sur le moteur de l'une des deux pompes du circuit de refroidissement à l'arrêt. En cas d'accident, c'est ce système qui permet d'évacuer la puissance que continue à produire le réacteur - même une fois qu'il a cessé de fonctionner - et ainsi d'éviter une explosion. Selon les expertises, la défaillance électrique du moteur - qui a depuis été remplacé - est liée au vieillissement prématuré de câbles, qui n'ont pas été montés de façon optimale.
Pour évaluer l'importance de cet incident, l'IRSN, le bras technique de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), a mené une étude pour quantifier son effet sur la probabilité d'un risque de fusion du cœur du réacteur, et donc d'un accident grave. « Compte tenu de la présence de cette défaillance avérée, nous avons estimé quelle a été l'augmentation du risque de fusion du cœur au cours de cette période,explique Olivier Dubois, adjoint du directeur de l'expertise de sûreté à l'IRSN. Si l'augmentation de la probabilité est supérieure à 1 pour 1 million, nous considérons que c'est un événement dit "précurseur", c'est-à-dire significatif en termes de sûreté. Si elle est supérieure à un pour 10 000, c'est un événement "précurseur particulièrement important". Là, l'augmentation se trouve entre les deux. »
« Pas que les composants majeurs »
Une hausse du risque qui nécessite de traiter la défaillance « le plus rapidement possible » et d'y accorder « une attention particulière ». Selon Olivier Dubois, on recense en moyenne entre cinq et dix événements « précurseurs » par an. EDF, qui exploite les centrales nucléaires, était toutefois parvenu à une conclusion différente de l'IRSN : selon ses études, le problème survenu à Tricastin n'était pas susceptible d'accroître le risque d'accident grave.
Lorsque le moteur de la pompe n'a pas fonctionné, le 1er septembre 2019, le combustible ne se trouvait plus dans le cœur du réacteur et l'incident n'a donc eu aucune conséquence. Le réacteur numéro 1 du site de Tricastin était alors le premier des 32 réacteurs les plus anciens du parc à passer sa quatrième visite décennale. Fin février, l'ASN a ouvert la voie à la prolongation de la durée de vie de l'ensemble de ces installations pour une période de dix ans. La réglementation française ne prévoit pas de « durée de vie » maximale de ces tranches, mais une hypothèse de quarante ans de fonctionnement avait été retenue lors de leur conception.
« Le cas de Tricastin est un très bon exemple du fait qu'il n'y a pas que les composants majeurs comme les cuves et les enceintes qui vieillissent et dont l'importance est cruciale pour la sûreté, souligne Olivier Dubois. Les défaillances peuvent aussi venir des câbles électriques, de certaines pompes ou des moteurs. Même si ces éléments sont remplaçables, il faut repérer les défaillances suffisamment tôt et être donc très attentifs aux méthodes de détection. »
Les câbles électriques liés au problème du moteur de Tricastin, partiellement noyés dans le béton et donc invisibles, sont contrôlés de manière électrique. Les derniers examens, réalisés en juillet 2019, n'avaient pas fait apparaître de défaut particulier. Dans un précédent avis rendu en juillet 2020, l'IRSN recommande à EDF d'améliorer ses méthodes de détection des problèmes électriques. En février, l'ASN a donné trois mois à l'exploitant pour lui présenter un calendrier de résorption de ce défaut. L'entreprise assure que les réponses aux demandes du gendarme du nucléaire sont « en cours d'instruction » et qu'elle ne peut communiquer avant leur envoi formel.
Dans un rapport publié lundi 26 avril, le Groupe international d'évaluation des risques nucléaires (International Nuclear Risk Assessment Group), qui compte parmi ses membres l'ancien président de l'autorité de sûreté américaine Gregory Jaczko ou l'ex-directeur général de la sûreté nucléaire allemande Wolfgang Renneberg, affirme que les prolongations de durée de vie et l'exploitation des vieilles centrales accroissent le risque nucléaire en Europe. « Les processus de vieillissement tels que la corrosion, l'usure ou la fragilisation réduisent la qualité des composants, des systèmes et des structures et provoquent des défaillances », écrivent-ils notamment.
Articles du Dauphiné Libéré du jeudi 11 février 2021


Article du mercredi 10 février 2021 Par France Bleu Drôme Ardèche
Centrale du Tricastin : un collectif antinucléaire manifeste pour l'arrêt de son troisième réacteur

Ce mercredi, cela fait quarante ans, jour pour jour, que le troisième réacteur de la centrale nucléaire du Tricastin a été mis en service. Des militants ont manifesté devant la mairie de Saint-Paul-Trois-Châteaux pour réclamer sa fermeture.
"40 ans ca suffit". C'était le message inscrit sur plusieurs pancartes brandies devant la mairie de Saint-Paul-Trois-Châteaux (Drôme) ce mercredi matin. Une quinzaine de personnes se sont mobilisées pour demander l'arrêt du réacteur numéro trois de la centrale nucléaire du Tricastin, raccordé au réseau il y a quarante ans, jour pour jour.
Stop Tricastin envisage de porter plainte contre EDF
"C'est une vieille casserole, il faut la fermer", fustige Alain Volle, le porte-parole du collectif Stop Tricastin à l'origine de cette manifestion. Ce dernier craint qu'il ne fonctionne encore dans les dix prochaines années, à l'instar des deux premiers réacteurs du site et pour lesquels des contrôles sont en cours. La décision sera bientôt prise pour le réacteur numéro 1.
Alain Volle reste optimiste, le militant espère encore pouvoir faire barrage : "Nous avons des documents qui prouvent que la dangerosité liée aux fissures dans la cuve du réacteur numéro 1 a été minimisée par EDF." Le collectif antinucléaire envisage de porter plainte contre le groupe pour mise en danger de la vie d'autrui.
"Le risque zéro n'existe pas" - Jean-Michel Catelinois, maire de Saint-Paul-Trois-Châteaux

Le maire de Saint-Paul-Trois-Châteaux Jean-Michel Catelinois, interpellé par les manifestants ce mercredi matin, reconnaît que "le risque zéro n'existe pas". Mais l'élu de la commune où se trouve la centrale estime pouvoir faire confiance à l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) : "le gendarme du nucléaire".
"Elle effectue régulièrement des contrôles et jusqu'ici elle n'a jamais lancé d'alerte pour fermer ce réacteur", indique Jean-Michel Catelinois, l'un des 33 élus signataires d'une lettre ouverte adressée au patron d'EDF, dans laquelle ils expriment leur volonté d'accueillir un EPR, un réacteur "nouvelle génération" dans la Drôme.
Elsa Vande Wiele
France Bleu Drôme Ardèche
Article du dauphiné Libéré du 30 octobre 2020

Article du Dauphiné libéré du 29 octobre 2020

Article du Dauphiné Libéré du mercredi 14 octobre 2020

EDF révèle des défauts sur les réacteurs de Cruas et du Tricastin en cas de séisme
Près d'un an après le séisme du Teil, EDF révèle, dans un communiqué, que "certains matériels du circuit de refroidissement" des réacteurs de Cruas, du Tricastin, mais aussi de Gravelines, Saint-Laurent, Chinon et Dampierre*, peuvent "présenter un défaut de tenue [...] en cas de séisme".
Ce défaut concerne des supports des tuyauteries du réseau de refroidissement intermédiaire. Celui-ci assure la réfrigération des circuits auxiliaires des installations nucléaires, importants pour la sûreté du réacteur, notamment en cas d'accident.
Contacté, EDF précise que "l'écart a été détecté dans une autre centrale EDF de même type que la centrale du Tricastin. Il concerne plusieurs centrales." L'énergéticien assure que "ce n'est pas lié au séisme du Teil", mais que "cela concerne des accroches qui auraient pu ne pas tenir" et que "c'est lié au renforcement des exigences".
Ces exigences ont-elles été relevées à la suite du séisme du Teil, d'une magnitude de 5,4, le plus important qu'a connu la France en seize ans ? EDF n'avait pas donné de réponse à cette question le 14 octobre au soir.
Pour rappel, lors du séisme du 11 novembre dernier au Teil, l'un des cinq réacteurs de surveillance sismique de la centrale de Cruas avait dépassé le seuil au-delà duquel les réacteurs doivent être arrêtés pour vérifications et la centrale avait été arrêtée.
D'après l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), les exploitants des centrales réévaluent le niveau de séisme à prendre en compte tous les dix ans. Pour les réacteurs de 900 Mégawatts électrique, le niveau de risque pris en compte est celui d'un « séisme majoré de sécurité ». À savoir : un séisme hypothétique d'intensité supérieure au séisme maximal historiquement vraisemblable.
La découverte de ce potentiel défaut de tenue a fait l'objet d'une déclaration d'un évènement significatif de sûreté de niveau 1 sur l'échelle internationale des événements nucléaires (INES) de la part d'EDF auprès de l'ASN, le 29 septembre 2020. Le niveau 1 (sur 7) correspond aux événements classés sans incidence.
* 32 réacteurs en France, d'une puissance de 900 Mégawatts électrique (unité de puissance), capables d'alimenter chacun 500 000 foyers en électricité.
Le 31/05/2020
Retrouvez les articles de presse liés à notre action du 28 Mai :
Article Reporterre
Article France Bleu
Article Dauphine
Défauts de résistance au séisme du circuit d'alimentation en eau brute (SEC) des quatre réacteurs
Publié le 03/04/2020 par l'ASN
Centrale nucléaire du Tricastin - Réacteurs de 900 MWe - EDF
Le 20 février 2020, EDF a déclaré à l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) un événement significatif pour la sûreté concernant un défaut de résistance au séisme de tuyauteries du circuit d'alimentation en eau brute (SEC) des quatre réacteurs de la centrale nucléaire du Tricastin.
Le circuit SEC participe au refroidissement en fonctionnement normal comme en situation accidentelle de l'ensemble des circuits et matériels importants pour la sûreté de l'installation. Le circuit SEC est constitué de deux voies redondantes. Par conception, en cas de défaillance d'une voie, l'autre permet d'assurer les mêmes fonctions.
A la suite de la mise en évidence de sous-épaisseurs sur des tuyauteries du circuit SEC des réacteurs de la centrale nucléaire de Saint-Laurent, dans le Loir-et-Cher, les vérifications conduites par EDF ont montré en novembre 2019 que des tuyauteries des circuits SEC des quatre réacteurs de la centrale nucléaire du Tricastin présentaient une épaisseur insuffisante pour garantir leur résistance en cas de séisme. En cas de séisme, les circuits SEC auraient ainsi pu ne pas être en mesure d'assurer leur fonction de refroidissement des réacteurs.
EDF a remplacé l'ensemble des portions de tuyauteries concernées sur les quatre réacteurs de la centrale nucléaire du Tricastin en décembre 2019, sans attendre la fin des calculs détaillés de vérification de la résistance au séisme des tuyauteries. A l'issue de ces derniers, EDF a déclaré l'événement significatif à l'ASN.
Cet événement n'a pas eu de conséquence sur les personnes et l'environnement. Toutefois, en raison des conséquences potentielles de la perte des voies redondantes du circuit SEC des quatre réacteurs en cas de séisme d'intensité SMHV, l'ASN classe cet événement au niveau 1 de l'échelle INES. Ce classement est provisoire, l'ASN poursuivant l'analyse des éléments transmis par EDF sur les conséquences potentielles de cet événement
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