Retour sur les incidents du réacteur N°2 de Tricastin

07/08/2020

Un nouvel incident s'est produit l'an dernier à la centrale du Tricastin lors du déchargement de combustible usagé du réacteur no 2. Une des barres de combustible a refusé de se décrocher. C'est le troisiéme incident de ce type depuis l'été 2008 .

Dimanche 3 février 2019, alors que le réacteur numéro 2 de la centrale nucléaire du Tricastin est à l'arrêt pour maintenance, la cuve du réacteur 2 est ouverte et à 2h30 du matin les équipes d'EDF ont commencé le déchargement du combustible nucléaire en vue de le remplacer. Ils enlèvent la structure métallique qui maintient les assemblages de combustible*, lorsque survient un problème: un des 157 assemblages reste accroché au système de maintien.

Selon la CRIIRAD Il s'agit d'un incident très rare au niveau mondial. C'est pourtant la troisième fois en onze ans qu'il se produit sur la tranche 2 du site du Tricastin :« Le 8 septembre 2008, 2 assemblages de combustible étaient restés coincés et il avait fallu plus de 7 semaines pour trouver une solution. Officiellement, l'incident de 2008 était dû au fait qu'une bille était tombée du pont de manutention lors du rechargement précédent. Cela avait décalé la position de certains assemblages et lors de la remise en place de la structure supérieure du cœur, EDF avait dû « forcer » pour emboîter les structures. Il était donc prévisible qu'au déchargement suivant, les assemblages forcés restent coincés. Un tel comportement avait laissé pantois...

Le 5 novembre 2009, un assemblage s'était retrouvé coincé également. Il avait alors fallu plus d'un mois pour résoudre cette dangereuse situation. Dangereuse dans la mesure où débloquer l'élément combustible peut se révéler très délicat. Lors du premier incident, du personnel a dû réaliser cette intervention dans des conditions de danger élevées, dans la crainte que l'assemblage coincé ne chute intempestivement, ce qui pourrait s'avérer gravissime. »

En effet si une barre de combustible tombait et se fracassait au fond de la cuve en libérant les pastilles d'oxyde d'uranium, il y aurait un risque de début de réaction en chaîne dans le réacteur. Le personnel sur place n'aurait alors que quelques minutes pour évacuer les lieux. Ensuite, on sait que l'enceinte de confinement du réacteur numéro 2 n'est plus parfaitement étanche aprés 40 années d'usage . Donc il y aurait un risque réel de dégagement radioactif vers l'extérieur et le réacteur serait mis à l'arrêt sur une longue période.

La succession de ce type incidents en un laps de temps aussi court, souligne immanquablement un dysfonctionnement et remet en cause la capacité D'EDF d'effectuer une maintenance correcte de ses installations . Il est temps d'arrêter ce réacteur en fin de vie. 40 ans ça suffit !

(Photo : schéma ASN 2008)

*Chaque assemblage de combustible est constitué de 264 crayons, liés par une structure rigide constituée de tubes et de grilles. Chaque crayon est constitué d'un tube de zirconium étanche dans lequel sont empilées les pastilles d'oxyde d'uranium, constituant le combustible. Les assemblages, chargés les uns à côté des autres dans la cuve du réacteur, constituent le cœur.